Journée Infra 2015: L’innovation, moteur de performance

Nos manifestations > Archives > Journée Infra 2015: L’innovation, moteur de performance

Du rêve les pieds sur terre !

De la science-fiction à la science-fonction. Les héros des bandes-dessinées d’après-guerre ou les scénaristes hollywoodiens nous ont souvent fait rêver (ou sourire) avec des objets aux capacités exceptionnelles, de la voiture communicante de K-2000 aux hybridations de RobotCop. Aujourd’hui, des applications étrangement proches de ces images de fiction sont en développement dans les domaines de la mobilité ou de la construction. La Journée Infra 2015 qui a eu lieu le 3 février à l’EPFL, s’est projetée dans le monde de l’innovation tout en gardant bien les pieds sur terre !

Quelque 200 professionnels de la construction se sont réunis le 3 février à l’EPFL pour la Journée Infra. Chaque année à la même période, la Fédération Infra – Organisation professionnelle des entreprises actives dans la construction d’infrastructures – donne vie à celle qui est la plus grande manifestation du secteur principal de la construction en Suisse romande. Habitués des visions terre à terre et des solutions pragmatiques et éprouvées, nombre d’entrepreneurs convenus, étaient quelque peu surpris par les présentations du jour.

Algorithmes, voitures sans pilotes et drones

Avec la pugnacité qu’on lui connaît, Xavier Comtesse, Thinker at Watch Thinking et ancien directeur d’Avenir suisse, a insisté non pas sur le développement de nouveaux produits mais sur la réinvention que le 2.0 insuffle à bon nombre de secteur. A l’image d’Uber ou d’Airbnb, qui, grâce à la puissance des algorithmes, réinventent les métiers du taxi ou de l’hôtellerie. Ainsi, les infrastructures et la mobilité de demain doivent être réinventées perpétuellement. « Et, a-t-il conclu, si l’on pense que l’on ne va pas construire des autoroutes pour des Google-car, rappelons-nous que nous avons construit toutes nos routes pour la Ford T1 ! ».

Ramenant la discussion sur le terrain politique, Christine Le Forestier, directrice de la Commission Economique et Juridique de la FIEC (Fédération de l’Industrie Européenne de la Construction) a expliqué à l’assistance quelques détails sur la politique d’infrastructure de la Commission européenne et sur le fameux plan Juncker. Bien que les premiers chiffres annoncés aient déjà été revus à la baisse, il est néanmoins réjouissant de constater que la construction d’infrastructure – et notamment la finalisation des neuf grands couloirs ferroviaires qui traversent le continent – font partie des priorités du nouveau Président de UE. Les subventions européennes doivent servir d’effet de levier et, contrairement à certaines idées reçues, les projets ne manquent pas. Dès son appel lancé, la commission a en effet reçu quelque 2000 projets qui sont maintenant à l’évaluation.

Avec sa présentation sur les véhicules de demain, Olivier Pajot, Responsable Cellule d’Innovation PSA Peugeot Citroën au sein de l’Innovation Park de l’EPFL, a ouvert la question de l’urbanisation grandissante, de la démographie mondiale et de nos besoins de mobilité accrue. Qu’en sera-t-il de notre bonne vieille voiture ? Plus que sur la forme, les chercheurs se concentrent sur celles qui pourraient être les attentes des usagers de demain. Se déplacer, bien sûr, mais aussi tirer le meilleur profit du temps passé dans le véhicule.

Dans la même lignée, mais plus en rapport avec la construction d’infrastructures, la présentation de Olivier Baumann, Chef de rubrique « Infrastructures- ingénierie-industrie » pour Le Moniteur, portait sur les inventions techniques et technologiques appliquées au secteur. Il a illustré le propos par quelques exemples très concrets et déjà en application : des drones utilisés pour l’inspection de ponts ou la surveillance de réseaux ainsi que des exosquelettes pour réduire la pénibilité du travail sur certain chantiers, pour ne citer que les principaux. Il y a aussi énormément de visions d’avenir, telle des lunettes à réalité augmentée qui indiqueraient à l’opérateur aux commandes de sa pelle mécanique, la position exacte de la canalisation qu’il est en train de poser.

Toutes les prévisions sont hasardeuses, surtout celles sur l’avenir

Paradoxalement, lors de la table ronde, se sont surtout les questions financières et politiques auxquelles ont a prêté le moins de crédit. Les nouvelles applications et les technologies innovantes ont pour la plupart suscité l’intérêt du public. Comme si la profession attendait avec impatience l’avènement de grandes innovations et se montrait déjà prête à les adopter.

Après le débat, se sont Urs Wegmüller, directeur de Gamam Remote Sensing AG et Raphael Gindrat, CEO et associé de BestMile qui ont captivé l’attention du public. Le premier a expliqué, avec force détail, la mise à profit des données récoltées par des satellites radars afin d’observer les mouvements – même minimes – de terrains et d’infrastructure. La méthode se révèle particulièrement pertinente dans la détection précoce des dangers naturels.

Le second, a présenté une solution innovante pour résoudre le défi de la mobilité dite « du dernier kilomètre ». Pour que les transports publics soient réellement efficients, ils doivent regrouper un maximum d’usager. Leur performance est optimale aux heures de pointe et sur les grands axes. Les navettes autonomes et le système de gestion que BestMile est en train de développer sur le campus de l’EPFL notamment, permettent le transport d’une dizaine de personnes, sans chauffeur, sur des petites distances. Si le projet en est à ses balbutiements il est certainement promis à un fort développement.

Nous sommes dans un monde de plus en plus connecté et le secteur de l’intelligence virtuelle semble catalyser toutes les attentions. Pourtant, toutes ces technologies demandent la construction bien réelle de nouvelles infrastructures, qu’il s’agisse de voies de communication et de transport, de réseaux ou de production d’énergie. Les constructeurs d’infrastructures se réjouissent de ces développements et se montrent ouverts aux nouveaux défis que la société de demain présentera.