Un travail collaboratif dans un environnement numérique

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Pour vivre avec son temps, il est devenu primordial pour le domaine des infrastructures de s’adapter aux évolutions des techniques qui l’entourent. Et le BIM en est une! Mais qu’est-ce au juste? Et quelles plus-values apporte-t-il aux professionnels? Dans le cadre de la Journée Infra, qui s’est déroulée aujourd’hui au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL à Ecublens, des orateurs de renom maîtrisant parfaitement le sujet se sont succédé pour présenter une réalité déjà bien ancrée dans la pratique. L’avenir numérique dans la construction d’infrastructures ne demande qu’à se développer!

La nouveauté a toujours tendance à effrayer. Or, le BIM, ou Business Information Modelling, n’est autre que la mise en œuvre d’une série de processus déjà utilisés dans les métiers de la construction. En les regroupant, de la modélisation en 3D, à la planification du temps, des coûts et des nombreuses informations qui jalonneront l’ouvrage, et en passant par celles concernant l’environnement ou la sécurité, les professionnels obtiendront la digitalisation globale de leur travail. En quelques sortes, une vision en 7D ! Toutes les informations, en provenance de sources différentes, permettront non seulement de réduire les risques d’erreurs, mais aussi de gagner du temps et en conséquence de maximiser les coûts.

Toutefois, la démarche collaborative que propose le BIM nécessite de mettre en place des processus de transformation des méthodes, ainsi que le développement de nouvelles compétences. «Pour que l’intégration du BIM soit une réussite dans l’entreprise, a expliqué Yvan Personnic, consultant et président de So.build, elle doit émaner de la volonté de ses dirigeants.» Un message clair et fort à l’attention des quelque 250 participants à la Journée Infra. Les avantages du BIM sont donc nombreux et permettent d’améliorer le résultat de projets tout en augmentant leur qualité sur des marchés réputés très concurrentiels. Des délais plus courts et des gains de productivité ont d’ailleurs déjà été démontrés.

Le BIM appliqué à la gestion du sous-sol
Avec la pénurie des terrains à construire et la densification des villes, le souterrain offre des perspectives intéressantes. Toutefois, le développement des stratégies d’exploitation durable du sous-sol impose une connaissance précise de la configuration de cet espace. «La force du BIM, a expliqué Bernd Domer, professeur et responsable de l’Institut inPACT de la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture (hepia) de Genève, est qu’il intègre toutes les données nécessaires à la planification, la simulation, la construction et la maintenance d’ouvrages dans un seul modèle digital.» Et d’expliquer que le prochain défi sera de créer une interaction entre les différents systèmes actuels et le BIM.

Ainsi, le simple dessin DAO ne sera plus suffisant et la planche à dessin électronique est condamnée à terme. «Pour alimenter une maquette BIM, il faut modéliser les infrastructures grâce à un logiciel “métier”», a exposé pour sa part Jérôme Tognini, ingénieur civil et directeur de Geomensura SA, tout en soulignant que les démarches sont différentes pour un bureau d’ingénieurs civils ou pour une entreprise. Alimenter une maquette BIM en infrastructure permet ainsi de mettre en lumière la méthode d’exécution dans sa globalité.

Les participants à la Journée Infra ont également eu l’opportunité de visualiser un cas concret démontrant l’efficacité du BIM. Pierre Benning, directeur adjoint informatique et technique chez Bouygues Travaux Publics, a présenté l’exemple de l’autoroute A507 à Marseille, appelée Rocade L2, un projet d’infrastructure important (près de 11 km de long), visant à désengorger le centre-ville de la cité phocéenne. Que ce soit pour la validation de la géométrie complexe due à l’environnement, la cohérence des données livrées par les nombreux intervenants du projet, le bon déroulement de la réalisation des travaux en simulant virtuellement certaines phases de construction, l’utilisation d’une maquette numérique facilitant la prise de décision ou la communication avec différents partenaires expliquant l’impact des travaux sur le quotidien des usagers, tous les objectifs ont été atteints. «Ce travail collaboratif a permis d’identifier très en amont certaines incohérences de conception ou encore des informations non fiables, explique Pierre Benning. Les prises de décision étaient basées sur des données synthétiques sans interprétation hasardeuse.»

En plein développement, les processus BIM offrent donc de nouvelles perspectives techniques, dont les limites semblent inimaginables. A cela s’ajoute aussi l’aide à la prise de décisions tout en responsabilisant chaque intervenant. Tous ces atouts devraient encourager entreprises et bureaux d’ingénieurs civils qui n’ont pas encore franchi le cap de se lancer dans l’ère de la nouvelle digitalisation des infrastructures.

Précision et technique helvétiques pour un ouvrage titanesque
La journée s’est terminée avec la présentation d’un grand projet d’ingénierie à l’étranger réalisé par des ingénieurs suisses. Thierry Delémont, administrateur de T-Engineering intl SA à Genève, a dévoilé dans les grandes lignes la construction du troisième pont sur le Bosphore, inauguré en août 2016. Parmi les exigences principales, deux fois quatre voies de circulation, deux voies ferrées et deux trottoirs, une construction sous forme de pont suspendu à l’esthétique comparable à celle des deux ponts existants, le tout dans un délai de 36 mois, après les six mois de projet ! C’est dire si le concept présenté et validé était unique, tant les ouvrages de génie civil de grande envergure qui proposent une efficacité structurelle optimisée sont rares. Le succès de cette construction réside ainsi dans le soin qui a été apporté à son développement et à l’énergie qui a été mise en œuvre pour trouver les bonnes solutions.

La Journée Infra
Son titre «Développement BIM. Et les infrastructures ?» avait de quoi titiller la curiosité des participants. Un objectif avoué d’Urs Hany, président d’Infra Suisse, et de Blaise Clerc, secrétaire romand d’Infra Suisse. Et les intervenants ont d’ailleurs apporté différents éclairages bienvenus sur ce thème. La Journée Infra est le rendez-vous principal des constructeurs suisses d’infrastructures, dans le cadre de laquelle politiques, maîtres d’ouvrages, concepteurs et entreprises de construction échangent chaque année leurs points de vue sur la politique en matière d’infrastructures et de transports. La Journée Infra en Suisse alémanique a toujours lieu en janvier à Lucerne.

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