Le chien dans le four à micro-ondes

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Tout le monde connaît cette histoire: après une promenade sous la pluie, une vieille dame américaine avait l’habitude de sécher son chien à la chaleur agréable du four de sa cuisinière. Quant l’appareil est tombé définitivement en panne, elle s’est offert un four à micro-ondes moderne. De retour de sa promenade suivante sous la pluie, elle a voulu, comme à l’accoutumée, sécher son chien et l’a pour ce faire introduit dans l’appareil nouvellement acquis. Mais la pauvre bête n’a pas bien supporté le traitement. Elle en est morte. La dame a été tellement bouleversée qu’elle a été victime d’un choc psychique. Par la suite, comme cela est si fréquent aux États-Unis, elle a poursuivi en dommages et intérêts le fabricant du four à micro-ondes, lui reprochant de ne pas avoir attiré l’attention, dans la notice d’utilisation, sur le fait que l’on ne devait pas sécher un animal domestique avec cet appareil. La plainte a été acceptée et la dame a été indemnisée d’un montant non négligeable pour préjudice moral.

Après cela, le fabricant du four à micro-ondes a immédiatement modifié la notice d’utilisation. Ce faisant, il ne souhaitait pas avant tout protéger les animaux domestiques contre leurs propriétaires ayant des compétences techniques inférieures à la moyenne, mais il tenait surtout à s’éviter des plaintes de clients. Ce qui paraît exagéré à nos yeux est parfaitement naturel aux États-Unis. Si une entreprise ne se protège pas contre les plaintes en responsabilité, elle voit rapidement son existence menacée.

Bien entendu, la question d’une protection suffisante se pose aussi chez nous, aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers. Quel est le niveau protection nécessaire et judicieux? Dans le domaine de la construction des routes, par exemple. Quand le soleil chauffe l’asphalte pendant l’été, les esprits s’échauffent aussi régulièrement. Les débats portent, entre autres, sur la pertinence ou non de l’obligation de porter des vêtements de protection longs ou des casques. Une telle obligation s’applique sans exception sur certains chantiers. Ce qui sert à protéger du soleil ou à être mieux visible est cependant critiqué par ceux qui sont directement concernés, qui invoquent port inconfortable, chaleur insupportable, liberté de mouvement limitée ou champ de vision réduit. En fait, il est clair pour tout le monde que la santé est un bien précieux qu’il convient impérativement de protéger.

Là où la santé ou la sécurité est en danger, il faut tout faire pour qu’elle soit assurée. Même si l’on doit, pour cela, prendre son parti d’inconvénients ou de restrictions. L’appréciation est difficile lorsque davantage de sécurité dans un domaine ne s’obtient qu’aux dépens d’un autre. Des mesures n’ont pas de sens si elles n’apportent pas davantage de sécurité mais seulement des restrictions supplémentaires. Dans le meilleur des cas, de telles mesures sont prises en connaissance de cause ou sont bien pensées, et dans le pire des cas, elles servent uniquement à entretenir l’image de l’entreprise. Sur les chantiers, il y a besoin de consignes de sécurité optimales, qui ne sont pas forcément toujours les plus strictes. Sans une solide dose de compétence et de bon sens, rien ne va, que ce soit sur les chantiers ou dans les fours à micro-ondes.

Il n’y a d’ailleurs jamais eu de plainte en responsabilité à cause d’une tentative de séchage d’un animal domestique dans un four à micro-ondes. Cette histoire est une légende moderne. Par contre, la protection de la santé sur les chantiers est une réalité quotidienne importante.